Somewhere (2011)
Ma note : 6/10
Acteur Hollywoodien, Johnny Marco s’ennuie. Subissant la lassitude d’un train de vie luxueux parsemé de conquêtes féminines quotidiennes, il ne semble plus rien attendre de la vie. Seule, la visite de sa fille de 11 ans lors d’un séjour au Château Marmont à Los Angeles procurera un peu de lumière à cette morne existence.
Sofia Coppola joue encore avec des thèmes que nous commençons à lui reconnaître comme chers : le décalage d’un personnage avec son entourage, la rêverie, et surtout, l’ennui. Cet ennui qui, déjà, affligeait Kirsten Dunst dans Virgin Suicides et Marie-Antoinette, ainsi que Scarlett Johansson dans Lost in Translation. Trois films à l’ambiance particulière, presque onirique, et dotés de bandes originales sublimes qui ont suffi à faire de la fille Coppola une idole du cinéma bobo (mais pas seulement, ouf).
Concernant l’ennui, il est clair que Somewhere lui accorde un hommage si poussé que le spectateur lui-même y risque une torpeur proche de l’endormissement. L’acteur Johnny Marco tourne en rond, reproduisant les mêmes schémas, les mêmes actions. La structure même du film (répétition des scènes) en est elle-même symbolique, ainsi que ses toutes premières minutes : au volant de cette somptueuse Ferrari noire, il ne fait que tourner en rond… pour une durée qui nous semble déjà interminable. Pour aller nowhere, justement.
Sofia Coppola a un réel talent pour faire ressortir la langueur habitant le personnage, et nous ne réalisons la force des quelques jours passés avec sa fille que lors de son départ : nous sommes littéralement contaminés par ce sentiment de nostalgie familier ; celui qui nous envahit par exemple après un merveilleux week-end qui prend fin alors que nous retournons à notre existence habituelle. Certaines scènes sont également très marquantes, comme cette claustrophobie et ce sentiment de suffocation qui monte lors de la confection d’un masque pour l’acteur, qui nécessite la pose d’une pâte durcissant sur l’intégralité de sa tête y compris les yeux et la bouche une heure durant. N’ayant plus que deux trous devant les narines pour respirer, il est contraint de rester immobile pour ce qui semble être, une fois de plus, une éternité.
Pour ma part, j’apprécie énormément la qualité contemplative de certains films (Monsters, Melancolia, Drive…) mais Somewhere manque de la personnalité nécessaire pour contrebalancer l’ennui qui risquerait d’en découler. Résultat : juste l’ombre inachevée et nostalgique de ce qui aurait pu devenir un chef-d’oeuvre. Dommage.
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