Videodrome (1983)
Ma note : 8/10
Max, directeur d’une chaîne de cinéma pornographique à la recherche de nouveaux programmes plus attractifs et moins “soft”, tombe par hasard sur une émission pirate intitulée Vidéodrome. Malsaine, celle-ci retransmet en direct des scènes de torture et mise à mort des participants. Enquêtant sur ce programme, il réalise que les sévices infligés pourraient être bien réels. Mais la nature même de Vidéodrome, drapée de secrets et d’obscures complots politiques, va bien plus loin que cela. Max commence à avoir des hallucinations, et bientôt, semble incapable de distinguer le virtuel du réel, comme si son esprit était contaminé par l’émission.
Un joyau de la collection Cronenberg (dont le dernier film, A Dangerous Method, sort en décembre dans les salles) serti de ses plus belles obsessions : l’érotisation de la violence (cf. Crash), la confusion du réel et du virtuel (cf. ExistenZ), la fusion de l’objet inorganique avec la chair (cf. Existenz & La Mouche), la folie et la transgression des tabous (… beaucoup de ses films).
Une œuvre, si ce n’est intemporelle, en tout cas non démodée : les thèmes et réflexions amorcées se prêtent tout particulièrement à notre époque. C’est là qu’est l’ironie car ce que dénonçait Cronenberg il y a maintenant presque 30 ans est toujours d’actualité et même au cœur de notre consommation des médias.
Television is reality, and reality is less than television.
Il fait écho à l’hypersexualisation ou la banalisation de la violence sur petit écran, mais également la déshumanisation des participants aux télé-réalités qui n’ont vu le jour que plus de 15 ans après ce film prophétique. Il aborde également le sujet des snuff-movies et le tabou associé à ces vidéos, qui à ce jour encore ont presque le statut de légende urbaine, ainsi qu’une paranoïa associée à l’idée de conspirations politiques derrière les plus sombres aspects de notre société.
Un film à voir plusieurs fois et étudier en profondeur avant d’en saisir tous les messages. L’on pourra rire bêtement du malaise occasionné par les effets spéciaux années 80 et les petites lubies du réalisateur : metamorphose du corps, cassettes videos palpitantes, le tout à grand renfort de matière gluante… Ou se plonger dans une vision plus poussée et réfléchie. Plus qu’un film gore ou de science-fiction, une réflexion sur les parts de réalité et de liberté accordées à la vie publique sur écran, et celles laissées à l’individuel intime.
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