Absent (2011)
Ma note : 9/10
Rares sont les films qui tiennent les promesses annoncées par le trailer. Celui-ci les respecte complètement et va au-delà de l’impression que nous en avions déjà. Ausente, thriller argentin, développe avec brio toutes les subtilités d’une tension sexuelle entre un élève et son professeur, sur fond d’interdits, de tabous et à la merci du regard de l’autre.
Lorsque Martin, lycéen de 16 ans, invente un mensonge afin de passer la nuit chez Sebastian, son professeur de natation, ses intentions sont toutes particulières. En réalité, il se languit de désir (et d’amour ?) pour son aîné, qui a pourtant une petite amie et n’affiche de prime abord aucun signe d’homosexualité.
Avec subtilité, lenteur, discrétion, la tension se déroule peu à peu, enfermant Sebastian malgré lui dans une toile de non-dits et de malaise. Rien n’est clairement exprimé de la part de son élève, pourtant, son malaise lui souffle à l’oreille ce qui est réellement en train de se tramer. Gêné, il se doit de gérer les malentendus découlant de cette situation – un élève beaucoup plus jeune prenant une douche chez lui et aperçu semi-nu par une voisine, ou encore le regard accusateur d’un voisin les remarquant le lendemain matin, sortant ensemble de sa maison. Les malentendus s’enchaînent, et pourtant…
L’on ne sait jamais clairement quels sont les réels sentiments de Sebastian à l’égard de cet élève : au départ, il ne semble ressentir que malaise, gêne, voir agacement, et pourtant se laisse entraîner dans cette situation, presque malgré lui. Lorsque Martin lui avoue ses intentions, la violence de sa réaction en est suspicieuse.
Le dernier tiers du film, que je ne révèlerai pas, est tout aussi prenant, et révèle la réelle complexité de la relation tissée entre les deux hommes, ainsi que la culpabilité en découlant pour Sebastian, hanté par les événements de ces derniers jours. La relation s’inverse et le pouvoir change de camp.
Personnellement, je n’aime pas les films lents (soyons clairs : ils me gonflent au plus haut point) mais celui-ci m’a fascinée : en peu de mots, sans sombrer dans le mélodrame, et grâce aux jeux extraordinaires de Javier de Petro et Carlos Echevarria, l’atmosphère en est prenante, saturée de suspense et d’un malaise indéfinissable. La dernière scène est simplement magnifique.
Ausente a reçu le Teddy Award au Festival International du Film de Berlin, récompense distribuée aux films évoquant l’homosexualité au cinéma. Un de ces films tristement méconnus et peu promus que je recommande vivement.
Submit a Comment